Dispositif mobile à questions




Les mois durant lesquels j’ai travaillé en tant que vacataire durant le temps de restauration dans une école maternelle et élémentaire m’ont permis d’observer la manière dont les élèves interagissent (dans cette école). Les insultes sexistes, racistes et homophobes fusent dans la cour. Les inégalités se font ressentir dans la cour. 
En parallèle, avec les boîtes aux lettres collectives, les élèves d’une classe de  l’école la Montat ont travaillé sur un projet qui a renforcé mon intention de traiter ce sujet. Les élèves ont dessiné l’appartement d’un personnage fictif qu’ils avaient imaginé. Ils devaient ensuite écrire la description de leur personnage. Ils ont ensuite, distribué l’ensemble à une autre classe pour qu’ils associent les deux. Les dessins des enfants ne semblent pas tirer de leur imagination, mais bien d’une réalité très stéréotypée. La majorité des garçons font de la musculation (7 appartements sur 11), quant aux filles elles sont gentilles et polies.









Des stéréotypes  ancrés 







Ces questions d’inégalités des genres m’ont amené à penser ce dispositif. Il permet à l’enseignant de susciter la réflexion des élèves en les questionnant grâce au tableau. Les élèves réagissent grâce au module de réponse. Il est composé de tuiles ayant une face jaune et une face bleue. C’est un système de réponse à deux choix, oui ou non. Chaque couleur correspond à l’une des deux réponses définies au préalable par l’enseignant (avec les élèves nous avons associé le bleu à oui et le jaune à non). Les élèves tournent la tuile vers la couleur de leur réponse. Le module collecte les réponses de manière anonyme. Le troisième panneau permet d’afficher les documents apportés en classe lors de l’échange oral sur le sujet. La documentation permet de montrer toutes les possibilités aux élèves afin de les détacher des stéréotypes. Les élèves qui ne souhaitent pas échanger oralement auront tout de même participé grâce au dispositif qui comptera leur voix. Le dispositif est mobile afin qu’il circule de classe en classe et à travers l’école pour que les questions et les documents soient visibles par tous. Le module de réponse est fixé dans un cadre qui est détachable afin que l’on puisse imaginer d’autres modules adaptés aux âges et aux envies des élèves. Ce module de réponse est pensé pour des classes allant du CP au CE2. Le but est de se questionner et non d’avoir les réponses. 

Le questionnaire de l’univers évolue


Grâce à la résidence Création en cours proposé par les Ateliers Medicis, j’ai pu expérimenter ce dispositif avec une classe de CM2. À mon arrivée dans l’école ils l’ont renommé Le questionnaire de l’univers. Après l’avoir expérimenté et partagé aux autres classes, il est arrivé le moment d’imaginer un nouveau module de réponse. Tels des designeur.euse.s, les élèves, par groupe, ont imaginé des nouveaux objets, il y avait deux sujets : Un nouvel objet réponse pour le questionnaire de l’univers et un objet de communication pour l’école. Nous avons voté pour deux objets que je produirai ensuite : Le tableau de couleurs et La boîte aux lettres pyramidale.

Le tableau de couleurs 


Les élèves soutiennent un système de réponse plus complexe que oui et non. Ce dispositif a été pensé pour pouvoir ouvrir les questions au cycle entier plutôt qu’une seule classe, c’est à dire tous les CM (environ 90 élèves). Les questions concernaient plus des décisions de vie collective dans l’école, par exemple choisir une activité dans la cour de récréation. Nous l’avons utilisé pour demander aux personnes de voter pour le nouveau de la boîte aux lettres triangulaire le jour de l’exposition.

Il est possible d’écrire avec un feutre velleda sur les pions ainsi que le tableau d’affichage. Il est donc possible de voter, mais aussi d’écrire des réponses directement sur les pions. Le tableau d’affichage peut aussi proposer des catégories plutôt que des questions. Son usage est encore en cours d’expérimentation.

Différents usages à imaginer 


Il permet de mettre en place des activités collectives. Par exemple, à la manière d’un cadavre exquis, les élèves peuvent créer un scénario pour écrire une histoire.
Le scénario comprend une période, un contexte, un ou des personnage(s), un but et des péripéties.
Chaque enfant peut écrire un de ses éléments sur le pion de couleur correspondant et venir le fixer à l’emplacement de son choix dans la colonne associée. Ainsi, petit à petit, les pions des enfants viennent se mélanger les uns aux autres pour créer différents scénarios qui seront le point de départ pour l’écriture d’une histoire. On peut imaginer qu’il·elle·s se voient associer  un scénario par groupe de deux.